Grimper pour aller mieux ?
Au Centre Hospitalier La Chartreuse, l’escalade thérapeutique s’impose comme une réponse innovante aux besoins des adolescents en détresse psychique, notamment ceux présentant un risque suicidaire élevé. En sollicitant à la fois le corps et l’esprit, cette pratique aide à renforcer l’estime de soi, favorise la gestion de l’anxiété et des émotions et recrée du lien social. Ayant montré une efficacité dans la dépression, cette pratique a été intégrée aux parcours de soins des unités Adolits et Adosoins, qui accueillent de jeunes patients en situation de crise avec un risque suicidaire élevé.
Prendre de la hauteur pour aller mieux
L’escalade repose sur la maîtrise progressive des mouvements et des techniques. Cette pratique engage la proprioception, la coordination, et favorise une réappropriation corporelle en douceur, souvent mise à mal chez les jeunes en souffrance psychique. Chaque ascension réussie permet à l’adolescent de constater ses progrès et de surmonter ses peurs, ce qui contribue à renforcer l’estime de soi. Pour des jeunes en souffrance psychique, souvent marqués par une image négative d’eux même, cette discipline présente de nombreux atouts. En progressant sur le mur d’escalade, les jeunes prennent conscience de leurs capacités et retrouvent peu à peu confiance en eux.
Des séances structurées et encadrées
Chaque jeudi matin, des séances sont organisées dans une salle spécialisée, par groupes de cinq adolescents. Elles sont animées par Pauline FINET (éducatrice spécialisée), Mélanie DUMONT-PICQUET (Infirmière) et Valentin BIGEARD (Enseignant en Activité Physique Adaptée) dans un cadre sécurisé et bienveillant.
Deux types de pratique sont proposés :
- Le bloc, sur des murs de faible hauteur sans cordes;
- La voie, avec baudriers et système d’assurage.
Les rôles s’inversent au fil de la séance : patients et soignants grimpent et assurent tour à tour, développant une relation de confiance mutuelle et renforçant l’alliance thérapeutique.
Gérer le stress et les émotions
Se concentrer sur ses appuis, anticiper ses gestes, respirer… L’escalade impose de se concentrer sur l’instant présent, aidant ainsi à réduire les ruminations mentales, à mieux gérer le stress et l’anxiété et à apprivoiser ses émotions. Cette exposition progressive au vide et aux sensations de vertige devient un exercice symbolique et concret pour affronter les peurs et reprendre le contrôle.
Recréer du lien social
Pratiquée en binôme, l’escalade repose sur la confiance et la coopération : pendant que l’un grimpe, l’autre assure. Ce lien de confiance favorise la coopération et la communication, des éléments essentiels dans la reconstruction des jeunes en souffrance psychique. Pour certains adolescents qui ont tendance à s’isoler, cette interaction permet de recréer du lien social, dans un cadre bienveillant et structurant.
Se dépasser pour avancer
Se fixer un objectif et l’atteindre. Face à une paroi, les adolescents apprennent à mobiliser persévérance, réflexion et adaptation. Chaque mur franchi devient une métaphore de leurs propres combats : surmonter un obstacle, affronter ses difficultés, croire en ses capacités.
Une approche adaptée aux adolescents suicidaires
Les adolescents à risque suicidaire souffrent souvent d’un profond mal-être, d’une perte de contrôle et de difficultés à gérer leurs émotions. L’escalade leur offre un moyen concret de reprendre confiance : maîtriser leur corps, se fixer des objectifs et constater leurs progrès. Au-delà de l’effort physique, cette activité repose sur la confiance en l’autre et le soutien du groupe, aidant les jeunes à sortir de l’isolement. En intégrant l’escalade dans les parcours de soins, le CH La Chartreuse offre aux adolescents en crise un outil thérapeutique complet, soutenu par des données scientifiques pour les aider à surmonter leurs difficultés et à reconstruire leur estime de soi.
Des résultats prometteurs
Les premiers retours sont très positifs : les adolescents apprécient profondément cette activité, qui leur offre une nouvelle manière de se découvrir, de se surpasser et de reconstruire leur estime de soi.
