
Un Caf&Doc’ consacré à la posture soignante face à la violence s’est tenu en présence de deux membres du comité d’éthique, dont son président, le Dr Victor ROUSSEAU. Cette rencontre faisait suite à la saisine du comité d’éthique sur la question de la violence en psychiatrie et, plus particulièrement, sur le maintien ou non de la posture soignante dans les situations de violences.
Comprendre l’agressivité
La réflexion s’est ouverte sur la notion d’agressivité, présentée par un membre du comité d’éthique. L’agressivité a été définie comme un mode de communication, une manière de s’exprimer mobilisant fortement les émotions. Elle peut se manifester de différentes façons, verbales ou physiques, et nécessite d’être comprise dans son contexte. L’agressivité interroge ainsi le sens du comportement exprimé et les facteurs qui le déclenchent.
La violence : une notion complexe et contextualisée
La notion de violence a ensuite été abordée, en distinguant notamment la violence dite « légitime », telle que celle exercée par les forces de l’ordre de manière proportionnée, ou dans le cadre de la légitime défense. Ces notions ont été présentées comme complexes et nécessitant systématiquement une contextualisation. D’une manière générale la violence se distingue de l’agressivité par son risque à commettre un dommage, que ce que celui-ci soit physique, matérielle ou psychologique.
Plusieurs questions ont structuré les échanges :
- Quand est-on dans l’agressivité plutôt que la violence ?
- Ce comportement est-il en lien avec une pathologie ?
- Si tel n’est pas le cas, est-il du rôle du soignant d’intervenir ?
- Si ce n’est pas son rôle quel type de professionnel serait légitime pour intervenir dans ce type de situation ?
En psychiatrie, la question de l’abolition du discernement a été soulevée. En effet, la question du rapport à la réalité conditionne en partie la nécessité ou non que la personne qui intervienne dans une situation d’agressivité soit un soignant, car cela fait alors appel à ses compétences propres.
Posture soignante et cadre institutionnel
Dans ce contexte, la violence peut parfois être considérée comme anormale mais habituelle, inséparable de la pratique du soins en psychiatrie, ce qui interroge les pratiques professionnelles et les limites de la tolérance institutionnelle.
Il a été rappelé que le patient doit être considéré avant tout comme une personne, et non comme une pathologie. Dans certaines situations, lorsque les faits le justifient, le dépôt de plainte doit être envisagé. La discussion a mis en lumière une plus grande tolérance des soignants à la violence en psychiatrie, comparativement à d’autres champs de soins.
Les échanges ont également souligné que la majorité des fiches d’événements indésirables déclarées au sein de l’établissement concernent des faits de violence, confirmant l’ampleur et la récurrence de cette problématique.
Outils et perspectives
La formation OMEGA, accessible à l’ensemble des agents quelle que soit leur catégorie socioprofessionnelle, a été rappelée comme un outil essentiel de prévention et de gestion des situations de violence.
Par ailleurs, le comité d’éthique a rendu un avis à destination de la direction en se positionnant comme favorable à la mise en place d’une équipe de sécurité au sein de l’établissement.
Ce Caf&Doc’ a permis d’ouvrir une réflexion éthique approfondie sur la violence en psychiatrie, la posture soignante et la légitimité du soignant à intervenir ou non en situation de violence. Il a mis en évidence la nécessité de penser la violence au cas par cas, de définir des cadres clairs d’interventions ou de retrait des professionnel face à la violence, de soutenir les professionnels dans leurs pratiques, et de maintenir un équilibre entre protection des équipes, respect des personnes soignées et cadre légal.











